Dimanche 1er mai, 20h. Premier jour de vacances pour les chinois.

  Nous sommes à la gare de Suzhou. Malgré les 200 trains journaliers qui font la liaison jusque Shanghai et en arrivant à 18h à la gare nous n’avons pas réussi à avoir des tickets pour un train avant 21h20. Tant pis. Une ballade le long d’un canal, un maïs chaud pour repas, le temps d’écrire un texte pour le blog.
 
  Aujourd’hui ça fait un mois que nous sommes rentrés en Chine. Notre visa nous aurait permis de rester 4 mois sur le territoire mais nous devons être de retour pour le mois d’aout et nos envies pour la suite du voyage nous font accélérer un peu le pas. Le 1er avril, j’y tenais pour des raisons obscures, nous entamons la descente de 1600m de dénivelé pour rejoindre la frontière. Andjali est un peu nerveuse à l’idée d’entrer en Chine, sans notion de la langue, avec une carte peu précise, la censure d’Internet… De plus Jeong Kyun, notre compagnon de route coréen, et moi tardions à nous préparer…

 Apres la prise de mesure de notre température et 3 questions, nos précieux visas sont tamponnés. Entrer en Chine n’était finalement pas plus dur qu’ailleurs!
Nous trouvons un distributeur qui veut bien de notre carte et nous voilà prêt à trouver un repas de midi et un hôtel pour nous enregistrer… En effet, dans la plupart des pays sous régime totalitaire, qui s’appelle en générale démocratie, les touristes doivent enregistrer leur logement. Dans les 10 jours après l’entrée sur le territoire en Azerbaïdjan, toutes les 3 nuits en Ouzbékistan, toutes les nuits en Birmanie et dans les 24h en Chine. Et pour cela il faut dormir dans des hôtels à touristes… Nous n’avons pas toujours suivi les règles à la lettre mais on ne joue pas avec les chinois le premier jour sur leur territoire!

  Le lendemain nous partons au matin, après 4km JK prend la direction de la gare pour prendre un train vers Kunming. Il va traverser toute la Chine de l’Ouest jusqu’au Kyrgyzstan, pour rejoindre ensuite l’Europe. Nous nous reverrons surement la bas. Nous continuons notre route tous les 2. Le premier jour de vélo consiste à remonter tout ce que nous avons descendu la veille, entourés de culture de bananes à perte de vue. Sur le bord de la route, des étals déserts émanent des odeurs de pourriture. La saison des bananes est finie et les restes de régimes croupissent avec leurs emballages plastiques. A midi nous cherchons un endroit pour manger mais dans les villages les gargotes sont déjà fermés. Nous trouvons finalement un restaurant mais la femme nous crie des trucs dessus que nous ne pouvons pas comprendre, nous nous replions en espérant en trouver un autre un plus loin. Au suivant nous arrivons à manger en montrant le riz, les œufs, la poêle, le portemonnaie… Certains jours sont plus difficiles que d’autres.
  A force de monter nous arrivons dans les nuages. Nous ne voyons plus à 10m. Il est encore tôt mais nous voulons nous arrêter. J’ai envie de trouver de l’eau et pousse un peu Andjali à continuer. Nous trouvons un robinet pour remplir le bidon et 500m plus loin nous arrivons au col. Dans la descente une maison abandonnée avec du bois sec nous attendait. Nous prenons une douche, allumons un feu pour griller des châtaignes et revenir des bananes dans un reste de beurre acheté au Vietnam et passons la nuit au sec malgré l’orage qui éclate. Le réconfort de l’abri et du feu après une journée difficile.

  Le lendemain il fait beau, plus de trace de bananes et nous commençons déjà à mieux aimer ce pays.  

  Pour les jours qui suivent la route ne va pas descendre sous les 1000m mais nous allons quand même enchainer les montées-descentes. Les paysages sont beaux. Chaque jour le style change. Des gens nous accueillent pour le repas de midi, ils sourient, essayent de communiquer. Le travail de la terre se fait encore beaucoup avec la force animale et humaine.
  Parfois au milieu de ses étendues on tombe sur une bourgade, un marché avec plein de bonnes (et moins bonnes) choses à gouter, des gens qui crient, des enfants qui nous regardent. Plusieurs fois, en rase campagne nous nous sommes retrouvés dans des bouchons, 2 camions qui s’engage en même temps ou une voiture mal garée et la circulation est bloquée pendant une heure. Nous nous faufilons, portons un peu les vélos et prenons de l’avance sur le convoi qui nous doublera bientôt.
D’autre fois ce sont de plus grosses villes, la route s’élargie pour devenir des 2x3 voies, des barres d’immeubles en construction, des voitures neuves. La première nous la voyons de loin mais nous préfèrons la contourner, la deuxième nous nous y engageons et découvrons avec plaisir qu’il y a des pistes cyclables de partout !
  
  Nous avons rendez-vous autour du 15 avril à Hong Kong pour voir des amis et essayons de nous dépêcher malgré le mauvais état des routes. Nous arrivons le 13 à Nanning ou nous allons prendre le train avec les vélos. Contrairement à ce que nous avions entendu et lu cela s’avère très facile. Nous laissons les vélos à la section cargo et partons le soir même. Dans notre précipitation nous n’avons pas calculé que nous arriverions trop tard pour voir Ludivine qui part le 14 au soir de chez elle.
  Une fois à Shenzhen, une des plus grosses villes chinoises, sous la pluie, nous réévaluons nos plans. Nous avons l’habitude de nous poser pour réfléchir et dans ce cas-là, trouver un hôtel semble la meilleure solution. Habitués aux prix de l’Asie du sud-est et de la campagne chinoise nous sommes surpris des tarifs ici et mettons du temps à en trouver un pour la nuit.
Finalement nous contactons Alexis, le fils d’amis des parents d’Andjali qui nous avait envoyé un email pour nous proposer de passer chez lui à Zhuhai. Un coup d’œil sur la carte nous permet de voir que ce n’est pas loin et sa réactivité à nous répondre font que le lendemain au lieu de franchir la frontière pour HK nous allons prendre le ferry pour aller chez lui. Pour la première fois depuis que nous sommes sortis de France nous sommes accueillis dans un foyer français, c’est très agréable ! Entre repas et discussions qui n’en finissent plus, le weekend passe très vite et nous voilà repartis en ferry pour Hong Kong.

Arrivés le lundi soir nous portons les vélos dans la plus petite cage d’escalier que j’ai jamais vu pour les mettre sur le toit de l’immeuble de 4 étages pendant une semaine. Apres être entrés 2 fois sur l’autoroute par mégarde et vu les désamours des urbanistes hongkongais pour les 2 roues nous troquons nos montures pour une carte de métro et ressortons les sacs a dos. BobJohn, le copain de Ludivine nous accueille le premier soir sur l’ile. Comme elle ne revient pas avant vendredi nous allons d‘abord voir Verena et Ulises puis Laurent et Lili, des amis d’Andjali. Entre les différentes visites nous faisons du tourisme.
Aussi dépaysant que les paysans chinois, nous discutons, en autre, avec un prof de math de prépa passionné, des négociants en pierres précieuses, chocolats ou clairettes de die, un co-pilote d’avion… Nos hôtes nous invitent dans leurs petits restos chinois, malaisien ou japonais ou dans l’incontournable Dim Sum Hongkongais. A cela s’ajoutent les pains fait maison, gâteau au chocolat Valrhona, apéro clairette-comté-saucisson… Quel plaisir !

  Finalement, nous reprenons le train le dimanche après-midi pour Shanghai ou nous allons voir Clément, sa femme Julie et leur fils Léo. C’est eux qui nous ont fourni une lettre d’invitation pour le visa et ils nous accueillent le cœur ouvert ! Nous restons 1 semaine chez eux entre leur appartement de Shanghai et celui de Suzhou.
  Claire et Thierry, les parents de Clément arrivent presque en même temps que nous ici pour 15 jours de vacance en famille. Profitant de l’occasion nous proposons à nos parents de nous faire passer quelques délices et surprises de France. Entre gâteaux, livres, pots de chocolade, huile de massage, tubes d’homéopathie, guides de conversation coréen, liqueur de verveine, antésite et lettre d’invitation à la fête, nous sommes gâtés et repartons les sacoches bien lourdes.
  Encore une fois on mange bien : resto français, mariage chinois, spécialités de Clément. Nous visitons un peu moins et passons plus de temps sur l’ordinateur qu’ils nous ont prêté pour sauvegarder nos photos, mettre un peu à jour le blog, s’organiser pour la suite…

 La suite c’est un train, une frontière, un ferry, un peu de vélo, la visite de 2 amies, une demande de visa, du vélo, la visite d’une autre amie pas vue depuis 2007, du vélo, un ferry, une frontière, un train, du vélo, un train et nous sommes à Moscou !